Assis dans cette chaise inconfortable de l’hôpital, j’attendais que l’on m’annonce si Sam allait s’en sortir. Mes mains étaient tellement moites que je devais me les essuyer chaque minute. Ma nervosité s’expliquait facilement : mon meilleur ami avait eu une fracture crânienne par ma faute, et je ne pouvais rien faire pour l’aider. Si jamais il ne s’en sortait pas, je ne savais même pas si je pourrais continuer à vivre. C’est dans ce genre de moments où nous sommes le plus vulnérables que l’on prend conscience de ce qui compte vraiment. Si seulement on pouvait s’en apercevoir plus tôt. Mais ainsi sommes-nous faits, à prendre pour acquises toutes les belles choses de la vie jusqu’à ce qu’elle décide d’y mettre un terme, sans prévenir. J’essayais par tous les moyens de ne pas y penser, mais les salles d’attente des hôpitaux n’ont rien de rassurant. En plus de voir défiler une ribambelle de personnes dans un état critique, vous êtes entourés d’affiches de sensibilisation vous rappelant le nombre de morts dû aux cancers, aux drogues et à la route. Une flopée de pourcentages macabres était désormais incrustée dans mon cerveau et je ne pensais plus qu’à ça. Et inutile de chercher le dernier Closer parmi les magazines proposés par l’hôpital pour se changer les idées. Vous êtes seuls avec vous-même pour ressasser ce qui vient d’arriver. Et c’était mon cas avec Sam. Je m’en voulais de ce qui lui était arrivé et chaque seconde me paraissait comme une torture.