Hors-la-loi (1/2)

Posted by Antoine Delia on Monday, August 6, 2018

Si l’on met de côte le téléchargement illégal, je suis quelqu’un qui ne transgresse jamais la loi. Même après avoir vu plusieurs fois la série Prison Break, je ne me sentirai pas très à l’aise à l’intérieur d’une cellule et pour éviter cela, je fais en sorte de me conduire comme un citoyen sage ne commettant aucun impair.

Antoine Delia, le citoyen modele

Tout cela était vrai jusqu’à cette nuit du 15 décembre 2017. L’hiver arrivait et les journées étaient de plus en plus courtes, il faisait donc déjà nuit lorsque je partais pour la soirée d’un ami à moi. Seul problème, je ne connaissais absolument pas l’endroit où il habitait. Le GPS de mon téléphone arriva donc en renfort et me permit de trouver le lieu sans problème.

Me voici donc sur le périphérique dans cette nuit noire et glacée. Un rapide coup d’œil sur mon téléphone pour vérifier la sortie à prendre et je continuais tranquillement ma route, sans aucun problème. J’arrivais maintenant dans le village de Launaguet pour la première et surement dernière fois de ma vie.

La route était peu éclairée et j’avais du mal à me repérer dans cette pénombre. Toutefois, il y a quelque chose que je n’ai pas manqué d’apercevoir. Là, dans mon rétroviseur. Une voiture me suivait depuis près de deux minutes. En temps normal, je n’en aurais pas tenu compte, mais c’était différent cette fois. C’était une voiture de police.

La police traquant Antoine Delia Voilà comment je me sentais à ce moment-là.

N’allez pas croire que je redoute la police car je suis un malfrat ou un brigand, il n’en est rien. Mais allez savoir pourquoi, la vue d’un policier me rend mal à l’aise. Comme si, dès lors qu’un agent se trouvait près de moi, il était en mission pour m’arrêter, même si je n’avais rien fait d’illégal. J’ai souvent ce sentiment quand je sors d’un magasin dans lequel je n’ai rien acheté. Si l’homme de la sécurité me regarde bizarrement, j’ai l’impression qu’il pense que j’ai volé quelque chose et que dans la minute, je me retrouverai dans une salle d’interrogatoire pour que j’avoue mes crimes.

Mais revenons à l’histoire. Me voici donc suivi depuis près de cinq minutes par une voiture de police avec deux hommes à l’intérieur. Mes mains étaient devenues moites et je ne pouvais m’empêcher de regarder constamment mon rétroviseur pour guetter leurs mouvements. J’étais à quelques centaines de mètres de ma destination quand ça arriva.

Alors que j’arrivai à un croisement, mon GPS m’indiqua de tourner à droite. Mais quelque chose n’allait pas. Ce carrefour était bizarre. Il n’y avait aucune indication concernant la priorité : aucun feu, pas de panneaux stop ni de cédez le passage et encore moins de marquage au sol. Ce serait donc une priorité à droite ? Mais c’est absurde de faire ça sur un croisement pareil !

Peu confiant et en ayant bien vérifié qu’aucune voiture ne viendrait m’encastrer au dernier moment, j’actionnai mon clignotant droit et m’engagea sur la route. Mais à peine avais-je fait dix mètres qu’une vision d’horreur m’apparut. Une forte lumière m’arrivait directement depuis mon rétroviseur. La voiture de police venait d’allumer ses gyrophares et les appels de phare me faisaient signe de m’arrêter.

Dans mon cerveau, tous les signaux d’alerte étaient levés, c’était la panique. Je n’avais jamais autant été stressé de toute ma vie. Je me rangeai sur le côté de la route en réfléchissant à toutes les raisons possibles pour que ces policiers me demandent de m’arrêter.

Je ne pense pas avoir fait d’infraction au code de la route et j’ai bien veillé à ne pas dépasser la vitesse autorisée. Ma voiture a peut-être un feu qui ne marche pas. C’est ça, je dois avoir mon clignotant droit de cassé et ils ne m’ont pas vu actionner le clignotant pour tourner ! Mais non ce n’est pas logique, j’ai utilisé le clignotant à maintes reprises avant ce carrefour et jusque là tout allait bien. C’est peut-être un simple test d’alcoolémie ? Mais alors pourquoi ne m’arrêtent-ils que maintenant ?

Aucune explication logique ne prenait forme dans ma tête et j’en étais venu à conclure que c’était juste un contrôle de routine avant de terminer leur service. Je coupai le moteur de ma voiture, baissai la fenêtre et attendis qu’un des deux policiers vienne m’expliquer la situation.

Antoine Delia se faisant contrôler par la police La pression monte de plus en plus

— Bonsoir Monsieur, est-ce que vous savez pourquoi je vous arrête ?
— Euh non, en fait je ne sais pas du tout.
— Vous avez grillé un feu rouge Monsieur.
— Un feu rouge ? Lequel ? Je n’ai pas vu de feu rouge.
— Les papiers du véhicule Monsieur s’il vous plaît.

Je ne comprenais plus rien, de quel feu rouge parlait-il ? Je n’en avais vu aucun sur le trajet.

Heureusement pour moi je gardais toujours les papiers de mon véhicule avec moi et je fournis au policier ma carte grise et les papiers de l’assurance ainsi que mon permis de conduire. Après vérification il le rendit mes papiers et avant de retourner à sa voiture, je lui posai la question qui me brûlait les lèvres depuis tout à l’heure.

— Excusez-moi Monsieur, mais je ne vois pas du tout de quel feu rouge vous parlez. Où est-ce qu’il se trouvait ?
— Juste avant le carrefour Monsieur, vous avez tourné à droite alors que le feu était au rouge.

Il y avait un feu ici ? Non c’est impossible, comment aurais-je pu le louper ? Une lumière rouge dans cette nuit noire, ça ne passe pas inaperçu. La vérité m’apparut soudain, tellement évidente que je ne l’avais même pas envisagée. J’étais tellement concentré sur les policiers derrière moi que j’avais sans doute manqué le feu. Quel imbécile.

Je restai seul dans ma voiture pendant que les deux agents étaient en train de confirmer mon infraction. Aucune pensée ne traversa ma tête cette fois. Tout était vide. Silencieux.

Quand le policier revint me voir, il m’annonça que je venais de perdre quatre points sur mon permis de conduire et que j’écopai également d’une amende forfaitaire. Il me souhaita tout de même une bonne soirée et s’en alla.

Antoine Delia se faisant arrêter par la police Aucune exagération dans cette image.

Quelques jours plus tard, je reçus par courrier une lettre m’informant de mon infraction. Quatre points en moins sur mon permis probatoire qui s’élevait jusqu’alors à huit points. “C’est les soldes, -50% sur votre permis” pensais-je en essayant de garder le moral. Mais en lisant de plus près la lettre, j’appris quelque chose dont je n’avais pas encore conscience.

Pour toute infraction sanctionnée d’un retrait d’au moins trois points sur un permis probatoire, le titulaire du permis devra alors OBLIGATOIREMENT réaliser un stage de sensibilisation à la sécurité routière dans un délai de quatre mois.

C’est bien ma veine. En plus de perdre quatre points, voilà que je dois suivre un stage qui va surement ma rabâcher toutes les choses qu’on entend déjà quand on passe le code. “Conduire vite c’est pas bien, et il ne faut pas boire au volant. Et la drogue c’est mal, m’voyez”.

Mais ce stage ne s’est pas passé comme je le pensais, et c’est une expérience à part entière que j’ai vécue. Cela m’a tellement bouleversé que je m’en dois d’en faire un article à part entière pour vous raconter tout ce que j’ai vu et entendu lors de ce stage.

Je n’ai pas respecté la loi en grillant ce feu rouge, et aujourd’hui, on me propose de me racheter en suivant ce stage de sensibilisation. Vais-je être au niveau ? Mes quatre points vont-ils m’être rendus ? Les réponses à toutes ces questions se trouveront dans la deuxième partie de cet article !