E.T. téléphone maison

Posted by Antoine Delia on Saturday, June 2, 2018

Il y a quelques semaines, alors que j’étais tranquillement en train de me préparer pour partir au travail, un incident terrible se produit. Je restais debout, impuissant devant l’horrifiant spectacle qui se dressait devant moi. Mon téléphone m’ayant glissé des mains se dirigeait à une vitesse affolante vers le sol, sur lequel il atterrit la tête la première (où devrais-je dire l’écran le premier). Lors de l’impact, un bruit sourd retentit dans toute la pièce, ce genre de bruit qui ne présage rien de bon. Avec une certaine tension, je ramassai l’objet pour découvrir la terrible vérité : il était cassé. En mille morceaux qui plus est. “Avec un peu de chance, il marche toujours” pensais-je, rempli d’innocence. Mais en voulant le déverrouiller, je compris que tout était terminé. L’écran tactile ne fonctionnait plus, impossible pour moi de m’en servir. Il était hors-service.

Antoine Delia avec son téléphone cassé La déception se lisait dans mes yeux

Alors que faire dans ce genre de situation ? J’ai d’abord voulu voir combien coûtait une réparation d’écran en me disant (innocemment une fois de plus) que cela ne serait pas trop cher. Grossière erreur. Le prix indiqué s’élevait presque au prix de mon téléphone ! Hors de question que je dépense une telle somme pour le réparer. J’essayai donc de voir si je ne pouvais pas me procurer un écran neuf et essayer de faire les réparations moi-même, mais plus aucune vitre n’était disponible en vente pour mon modèle de téléphone.

Je n’avais plus le choix. Il fallait que j’en achète un autre. Aussi je me rendis sur Amazon et, non sans une certaine douleur au niveau du portefeuille, mis un téléphone tout neuf dans mon panier avant de cliquer sur “Commander”. Mais évidemment, mes ennuis n’allaient pas s’arrêter là, et la livraison était prévue pour dans quatre jours. Il fallait donc que je me débrouille sans téléphone pendant ce laps de temps. Et Dieu sait que ça n’a pas été de tout repos.

Le goût du stress

Comme d’habitude, je me rendais à mon travail à bord de ma voiture. Avant de partir, je vérifiais que mes clés étaient bien dans mon sac et que mon téléphone aussi. Mais il n’y était pas. “Où est-ce que je l’ai encore mis ? Ah non, c’est vrai, il est cassé”. Cela ne m’était pas encore rentré dans la tête, et il m’arrivait de me demander où il était alors que je ne l’avais même pas sur moi.

Lorsque je travaille par exemple, je l’ai toujours à portée de main au cas où quelqu’un viendrait à m’appeler ou même tout simplement pour regarder mes messages. Cette fois-ci en revanche, je n’avais plus cet objet à mes côtés, créant comme un vide dans mon espace de travail. J’avais envie de vérifier si j’avais des notifications mais je ne pouvais pas. Et si quelqu’un était en train de m’appeler ?

Petit à petit et sans que l’on s’en rende forcément compte, le stress commence à monter et les muscles se tendent. Et pour être honnête, bien que je pensais que cette absence me troublerait, je ne m’attendais pas à un tel effet de manque. Une véritable drogue que j’avais l’habitude d’utiliser régulièrement, et on venait de me l’enlever, comme un drogué qu’on aurait envoyé en centre de désintoxication. Perdu, sans mes repères, je n’étais plus à l’aise.

There’s an app for that

Comme le disait déjà la pub pour l’iPhone, les téléphones sont aujourd’hui dotés d’une application pour faire tout et n’importe quoi. Et nous avons tendance à l’oublier tant nous prenons toutes ces applications pour acquises. Reprenons donc mon périple pour voir à quel point cela peut impacter notre vie.

Le travail est fini et il est temps de rentrer chez moi. Je m’installe dans ma voiture et démarre le moteur, ce qui enclenche alors la station radio sur le mode par défaut : le câble auxiliaire. C’est grâce à ce câble que je pouvais brancher mon téléphone et lancer Spotify pour écouter ma musique préférée sur le retour. Il faudra donc faire sans cette fois-ci et mettre la radio. En parcourant les chaînes, je me rends compte à quel point les stations dites “musicales” passent tout sauf de la musique. Faites le test et lancez une radio spécialisée dans la musique. Les trois quarts du temps, vous aurez soit une publicité, soit des gens en train de parler. Quant à la musique, si vous avez la chance de tomber au bon moment pour en écouter, c’est en général des titres que j’appellerai “de radio”, tellement ils passent en boucle sur ces dernières, vidant petit à petit toute la musicalité de la chanson.

Après m’être délecté des grésillements et des pubs pour un énième centre commercial, j’arrive enfin à mon appartement où je peux me reposer en toute sérénité. En regardant mes mails sur mon ordinateur, je m’aperçois qu’un colis que j’avais commandé sur Amazon quelques jours plus tôt vient d’arriver au point relais que j’avais sélectionné. Il fallait donc que je me rende dans cet endroit où je n’avais jamais mis les pieds, et ceci sans aucun moyen de navigation comme Google Maps ou Waze. À l’ancienne. Heureusement, mon ordinateur fonctionne encore et je pouvais sans mal consulter le trajet en ligne. À moi maintenant d’apprendre par cœur le trajet, car en cas d’oubli, je me retrouverai perdu dans la nature.

Au final, tout s’est bien passé, j’ai pu récupérer mon colis et rentrer chez moi sans aucune difficulté. Je commencerai presque à me dire que les smartphones ne sont pas si indispensables que ça finalement. Après avoir avalé mon repas, je me dirige vers mon lit pour régler mon alarme. Et c’est alors que je réalise l’horreur qui se présente à moi. J’utilisais mon téléphone pour mettre mon réveil chaque soir, et c’est grâce à lui que je pouvais me réveiller le matin. Sans cela, comment être sûr que je serai debout à 7 heures le lendemain ? Je repris mes esprits et me rappelai que j’avais encore un vieux radio-réveil dans mon placard qui pourrait surement faire le travail. Dans le doute, je laissai quand même mes rideaux ouverts afin d’avoir la lumière du jour au petit matin.

En fin de compte, le réveil se déclencha à l’heure que je lui avais indiquée, et tout se passa sans problème. Bien que le téléphone ait remplacé des outils comme les cartes routières ou les radios-réveils, il ne les a pas rendus obsolètes pour autant, et on peut finalement se servir de tous ces objets à la place d’un smartphone qui, la plupart du temps, est suréquipé pour les besoins qu’on lui demande.

Seul au monde

Ces deux premiers jours m’ont fait comprendre un point très important. Il y a une véritable différence entre le téléphone, outil pratique et indispensable, et le smartphone, gadget rempli d’applications et de fonctionnalités superflues. Et, alors que je ne ressentais plus le manque du smartphone et de ces notifications permanentes et intrusives, l’essence même du téléphone, la possibilité de pouvoir communiquer aisément avec le monde en envoyant un message ou en passant un appel, me manquait terriblement.

J’essayai alors de trouver une parade à ce problème, pensant sûrement qu’il existait un moyen de passer un appel téléphonique directement depuis son ordinateur. Parmi les applications les plus populaires, on retrouvait WhatsApp et Viber. Toutefois, impossible d’utiliser ces applications si vous n’êtes pas relié à votre mobile. Quant à Messenger, cela aurait pu m’être utile si je n’avais pas fermé mon compte Facebook il y a quelques semaines de cela. La seule forme de communication qui restait sans faille était donc les mails.

Ces bons vieux mails. Peu importe la situation, ils ne vous laisseront jamais tomber. J’ai ainsi pu communiquer quelque temps comme cela, envoyant des photos en pièce jointe pour simuler un Snapchat. Mine de rien, cela marchait plutôt bien, mais je n’avais toujours aucune possibilité d’appeler une personne sur son téléphone.

Et puis, je suis tombé sur le site de Skype, qui propose exactement ce que je cherchais, moyennant un coût d’utilisation (relativement peu cher cependant). C’était mon ticket de sortie, l’outil qui allait enfin me permettre de communiquer avec le monde extérieur. Rempli d’espoir, je me rendis sur la page de paiement de Skype afin de déverser quelques euros contre des heures de communication à distance.

La sécurité avant tout

Évidemment, ce n’était pas aussi simple, et c’est au moment où mon espoir était au plus haut que la réalité me rattrapa et fit chuter tout le peu d’optimisme qu’il restait en moi. Après avoir cliqué sur le bouton “Acheter”, le site me redirigea automatiquement vers une page de sécurité. Je devais entrer le code que l’on venait de m’envoyer par SMS afin de valider mon achat. Mais je n’avais pas accès à mes SMS. Je me retrouvais bloqué, incapable même de faire le moindre achat en ligne avec cette “sécurité” qui ne bloquait comme seul malfrat que…moi-même. J’étais donc revenu à la case départ, à utiliser mes mails comme seul et unique mode de communication.

S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème

Cette phrase des Shadoks dans la tête, je me suis alors demandé si ce problème de ne plus avoir de smartphone à disposition n’était pas en réalité imaginaire, comme si je me créais un besoin d’avoir auprès de moi un outil numérique qui me bombarderait de dizaines de notifications toutes les heures. Après tout, j’avais bien réussi à survivre cette semaine sans ce smartphone à mes côtés. Tous les divertissements se trouvant sur mon téléphone avaient été remplacés par des films et des livres, je ne m’ennuyais donc pas sans lui. J’ai également perdu ce stress et cette hâte qu’engendrent les notifications permanentes. Dès qu’il sonnait ou vibrait, mon cerveau portait instantanément son attention sur cette alerte, faisant fi du reste. Cette fois-ci, mon esprit était apaisé et pouvait pleinement profiter de la vie.


Pour conclure cette mésaventure (qui n’était peut-être qu’un test de l’au-delà pour me montrer ma dépendance à cet engin), je pourrais résumer cela à une seule équation :

Bien que la perte de mon smartphone ne m’ai pas trop affecté, les appels et les SMS restent un essentiel dans la vie de tous les jours, à la fois personnellement que professionnellement. C’est pourquoi je pense qu’il faudrait retourner vers nos bons vieux téléphones à clapet. En plus d’avoir une certaine classe lorsqu’on répond à un appel, il fera tout ce dont vous avez besoin. Car c’est cela qu’il faut différencier, vos besoins sont différents de vos désirs. De manière pratique, un téléphone et tout ce dont vous avez réellement besoin, le smartphone n’étant que la partie superflue, les paillettes et le strass que l’on rajoute par-dessus afin de stimuler des désirs que vous n’aviez pas jusque-là, et ainsi vous faire dépenser 20 fois la somme d’un véritable téléphone.

Si jamais vous voulez sauter le pas et retourner à un téléphone simple, mais êtes un peu effrayés des vieux téléphones, sachez qu’un projet a été lancé pour créer un téléphone design et moderne et simple à la fois. Si cela vous intéresse, je vous laisse consulter la page du Light Phone 2 qui est prévu pour avril 2019.